3, Письмо Татьяны. По поводу этого письма у Пушкина в переписке с Вяземским есть следующие слова: “письмо женщины, к тому же семнадцатилетней, к тому же влюбленной!” - на основании которых Лотман выводит год рождения Татьяны (естественно, по своей схеме, имеющей целью закончить роман до 14/XII 1825г.). Строго говоря, переписку Пушкина с Вяземским еще менее обязаны мы учитывать, чем отвергнутое предисловие к изданию I главы в 1825 году - это все-таки не стихотворный текст романа, не формообразующий и не хронологию образующий элемент.
Гораздо интереснее ход мыслей Набокова. Если автор говорит, что оригинал письма написан по-французски, недурно было бы этот оригинал получить - и он создает таковой на основе четырех французских переводов со своими дополнениями. Это настолько замечательно, что не могу не привести всего письма, хотя оно и длинновато для данного комментария.
Оригинал письма Татьяны к Онегину
“Je vous écris - en faut-il plus?
Que pourrais-je dire encore?
Maintenant, je le sais, il est en votre pouvoir
de me punir par le mépris.
Mais si vous gardez une goutte de pitié pour mon malheureux sort -
vous ne m'abandonnerez pas.
Je voulais d'abord me taire.
Croyez-moi: jamais vous n'auriez connu ma honte
si j'avais eu l'espoir -
ne fut-ce que rarement, ne fut-ce qu'une fois par semaine -
de vous voir dans notre campagne,
rien que pour entendre vos propos,
vous dire un mot - et puis:
penser, penser à une seule chose,
jour et nuit, jusqu'au revoir.
Mais, dit-on, vous fuyez le monde,
dans ce coin perdu de le campagne tout vous ennuie -
et nous ne brillons par rien,
bien que nous soyons naïvement heureux de vous voir.
Pourquoi être venu chez nous?
Au fond d'une campagne ignorée
je ne vous aurais jamais connu,
je n'aurais pas connu ces amers tourments.
Ma famille modeste, mes promenades solitaires
et mes livres, ces amis fidèles -
c'est tout ce que je connaissais auparavant.
Ayant avec le temps - qui sait - calmé l'émoi d'une âme novice,
j'aurais trouvé un ami selon mon coeur
et j'aurais été fidèle épouse
ainsi que mère vertueuse.
Un autre!.. Non, à nul autre au monde
je n'aurais donné mon coeur!
C'est ainsi qu'en a désidé le conseil d'en-haut,
c'est la volonté du ciel: je suis à toi.
Ma vie entière fut le gage
de notre rencontre certaine;
Dieu t'envoie à moi, je le sais;
tu seras mon gardien jusqu'à la tombe...
Tu m'apparaissais dans mes songes,
invisible, tu m'étais déjà cher;
3, Письмо Татьяны, 44. Незримый - до того, как тебя увидела.
ton regard merveilleux me troublait;
ta voix résonnait dans mon âme depuis
longtemps... Non, ce n'était pas un rêve;
à peine tu étais entré, aussitôt je te reconnus,
je me pâmais, je brûlais,
et je me dis: “C'est lui!”
N'est-ce pas, je t'avais déjà entendu:
tu me parlais dans le silence
lorsque je secourais les pauvres
ou que j'adoucissais par la prière
l'angoisse de mon âme agitée?
3, Письмо Татьяны, 56. И в это самое мгновенье - когда я молилась, а не когда помогала бедным.
Et même à ce moment-ci
n'est-ce pas toi, chère vision,
qui vient de passer dans l'ombre transparente
et de se pencher doucement sur mon chevet?
N'est-ce pas toi qui me murmures avec joie et amour des mots d'espoir?
C'est toi qui m'inspirais mes prières
et l'ardeur bienfaisant de la religion.
Ma tristesse et mes larmes attendries
sont le don testé de toi, n'est-ce pas?
3, Письмо Татьяны, 66. Ангел-хранитель - здесь аллегория, вообще же это нижний ангельский чин, согласно сочинению т. наз. псевдо-Дионисия Ареопагита (конец V - нач. VI в) «О небесной иерархии». Дионисий делит ангелов на 9 чинов(. . . . . . . . . . . . . . . . . .) Смотри прелестный цикл из девяти стихотворений Набокова об ангельских чинах.
Qui est tu? Mon ange gardien
ou un perfide tentateur?
Résous mes doutes.
Peut-être que tout cela est vide de sens
et n'est que l'égarement d'une âme novice,
et tout autre chose m'attend...
Mais s'en est fait. Dès à présent je te confie mon sort,
je verse mes larmes devant toi,
j'implore ta défense.
Imagine-toi: je suis seule ici;
personne ne me comprend,
ma raison succombe,
et je dois périr en silence.
Je t'attends: d'un seul regard viens ranimer les espérances de mon coeur...
ou bien interromps le songe pesant d'un reproche, hélas, mérité.
Je finis. Je n'ose relire.
Je me meurs de honte et d'effroi.
Mais votre honneur me sert de garantie -
je m'y confie hardiment.
Т. Л.”